Sans surprise, le Sénat américain (à majorité démocrate) a voté lundi contre le budget voté ce week-end à la Chambre des représentants (à majorité républicaine). Les 54 sénateurs démocrates, qui disposent de la majorité, ont voté à contre un texte qui aurait permis de financer l’Etat fédéral à partir de mardi matin, mais qui sapait la loi sur la santé de Barack Obama. Il ne reste donc aux deux chambres que quelques heures pour adopter un texte commun et empêcher une fermeture partielle des agences fédérales.
Les sénateurs vont maintenant s’atteler à supprimer du texte les deux amendements républicains à leurs yeux inacceptables : l’un reporte d’un an la réforme sur la santé de Barack Obama, l’autre supprime la taxe sur les appareils médicaux qui devait contribuer au financement de ladite réforme. Une fois ce travail effectué, les sénateurs renverront à la Chambre des représentants ce texte prévoyant une simple prolongation des dépenses publiques.
La balle sera alors dans le camp du président de la Chambre, le républicain John Boehmer, qui se retrouvera confronté à la décision la plus difficile de sa carrière : approuver le texte que lui transmettra le Sénat ou agir de telle sorte que l’administration ferme pour la première fois en dix-huit ans. « La Chambre a fait son travail », a laconiquement dit John Boehner lundi matin, signalant ainsi qu’il avait l’intention de camper sur ses positions.
Barack Obama ouvert aux discussions
Le président américain Barack Obama a affirmé lundi qu’il n’était pas résigné à une paralysie de l’Etat. Face aux journalistes dans le Bureau ovale, moins de 12 heures avant l’échéance de la fin de l’année budgétaire, M. Obama a toutefois répété qu’il ne négocierait pas sous la menace d’une fermeture des services gouvernementaux ou d’un défaut sur la dette souveraine des Etats-Unis.
« Je l’ai déjà dit, le Congrès a deux responsabilités: voter un budget, payer les factures. Et je ne suis pas seulement ouvert à des négociations pour bâtir un budget de long terme, je suis désireux d’avoir ces discussions », a poursuivi M. Obama. « La seule manière de le faire, c’est que tout le monde s’assoit à la table en toute bonne foi, sans menacer de s’en prendre aux femmes, aux anciens combattants et aux enfants avec une fermeture des services fédéraux, et on ne peut évidement pas non plus mener des négociations sensées sous la menace d’un défaut de paiement, qui serait le premier de l’histoire des Etats-Unis », a-t-il ajouté.
Minimum vital
Les deux chambres du Congrès doivent impérativement adopter un texte commun d’ici lundi soir, fin de l’exercice budgétaire 2013, faute de quoi des centaines de milliers de fonctionnaires pourraient, en effet, être mis en congés sans solde dès mardi matin, et jusqu’à ce que le Congrès vote de nouveaux crédits pour financer les opérations gouvernementales. La justice, la sécurité nationale, les opérations militaires et d’autres services jugés essentiels seront exemptés, mais tous les parcs et musées nationaux fermeraient et les effectifs des administrations seraient réduits au minimum vital. La moitié des 800.000 civils du Pentagone seraient concernés et les militaires pourraient ne pas être payés à temps. Ce serait alors la première fois que les services administratifs baisseraient le rideau depuis la fermeture de l’hiver 1995-96, sous la présidence du démocrate Bill Clinton.
L’expérience des multiples confrontations budgétaires au Congrès depuis que les républicains ont reconquis la Chambre en novembre 2010 laisse augurer de négociations jusqu’à la dernière minute lundi soir. En avril 2011, une situation similaire pour financer l’Etat pendant six mois avait été résolue une heure avant la date limite, un vendredi soir à 23h.
Les élus devront en outre prochainement se pencher sur le plafond de la dette, qui doit impérativement être relevé d’ici le 17 octobre pour éviter un éventuel défaut de paiement.